Manoel Henrique Pereira (Besouro de Manganga) 1885 / 1924
- “Manoel Henrique Pereira, plus communément appelé « Besouro de Maganga » est né dans la ville de Santo Amaro da Purificaçao en 1885, c'est le capoeiriste le plus fameux de tous les temps. Son nom est resté gravé dans l'histoire et la mémoire aussi bien des capoeiristes bahiannais que des pratiquants de Capoeira du Brésil et du monde”.
C'est ce que nous livre l'écrivain Liberac. Il ajoute que "Besouro de Maganga fut un pratiquant de Capoeira qui a précédé l'époque de Mestre Pastinha et Mestre Bimba".
Besouro de Maganga était un patron des "maltas" : bandes de Capoeiras du XIXe siècle. Dans le Reconcavo, les histoires sur Besouro sont nombreuses et ont certainement aidé à construire son mythe. Son courage, son agilité auraient été exeptionnels. Son surnom Besouro (scarabé), viendrait du fait que lorsqu'il se retrouvait prit dans une bagarre sa mandiga lui permettait de s'enfuir ... il se transformait en scarabé et partait en volant. Grand mandigeiro, rendu invinsible par la mandiga du Candomblé, Besouro avait le "corpo fechado", le corps fermé. C'est à dire que ni les armes blanches ni les balles ne pouvaient l'atteindre.
Besouro apprit la capoeira dans la rue avec Mestre Alipio, à Santa Amrao da Purificaçao. Par le train, à cheval ou à pied, selon les circonstances, Besouro a beaucoup voyagé de Santo Amaro à Maracanganha ou vice versa, travaillant dans des plantations, des fermes, des moulins ou comme doker.
Besouro était un révolutionnaire. Il n'aimait pas la police et aimait la bagarre.
Un jour, à Largo de Santa, une des places principales de Santo Amaro, Besouro contraint un soldat à boire une si grande quantité d'alcool que ce dernier se roulait ivre dans la rue. Quand il se réveilla, il alla voir son commandant, le capitaine José Costal, qui désigna 10 hommes pour capturer Besouro mort ou vif. Besouro, qui traînait dans un bar local eu le pressentiment que la police arrivait. Il se leva, quitta le bar et alla sur la place principale. Quand la police arriva, il marcha jusqu'à la croix chrétienne qui se trouvait sur la place. Il le fit avec les bras écartés comme Jésus Christ et dit à la police qu'il ne se rendrait pas. On entendit plusieurs coups de feu et le capoeirista tomba sur le sol. Le capitaine José Costa se diriga vers lui et lui donna un coup pensant qu'il était mort. Besouro, qui était bien vivant, à la grande surprise du capitaine, s'empara de son fusil, le tint en joue et obligea les autres policiers à déposer leurs armes. Ils s'en allèrent désarmés laissant Besouro sur la place chantant une chanson de joie.
Les combats de Besouro étaient nombreux et violents. Il se battait toujours contre des policiers et des propriétaires de plantation.
Cobrinha Verde, cousin de Besouro et son unique disciple rapporte ceci : un jour de chomâge, Besouro se rendit à Colonia Mill (aujourd'hui Santa Elízía), dans Santa Amaro pour chercher du travail. Il obtint alors un permis de travail et fût employé. Une semaine plus tard, le jour de la paye, le patron dit aux employés que leur contrat était "quebrado para Sao Caetano" (cassé ou rompu pour Saint Caetano). Cette formule a été employée pendant cette époque pour indiquer que personne n'allait être payé. Ceux qui osèrent défier le patron furent attaché à un arbre et fouetté pendant 24 heures; mais avec Besouro ce fût différent. Quand le patron lui indiqua qu'il ne serait pas payé, Besouro le saisi par la chemise et le frappa si violemment qu'il fût contraint de le payer.
Besouro travailla à la plantation du Dr Zeca, le père d'un jeune homme appelé Memeu, qui en voulait à Besouro. Le Dr. Zeca était un homme influent. Profitant du fait que Besouro ne savait ni lire ni écrire, il lui demanda d'apporter un billet à l'administrateur du moulin de Maracancalha qui était un de ses amis. Le billet disait : "tuez l'homme qui vous livre ce billet". L'ami du Dr Zeca proposa à Besouro de passer la nuit sur place et lui dit qu'il lui remettrait une réponse le lendemain. A son réveil, Besouro alla à sa rencontre mais se retrouva encerclé par 40 soldats. Les soldats ouvrirent le feu et Besouro commença à esquiver les balles grace à sa mandinga et son corps fermé. Voyant cela, un homme appelé Eusebio de Quisaba s'approcha de Besouro et le poignarda violemment avec un couteau appelé "tucum". Il s'agit d'un couteau qui a beaucoup d'importance dans la tradition africaine de Candomble.  Cancomble est une forte tradition religieuse qui a été établie dans tous les pays latins où il y avait le commerce d'esclave Africains. Le folklore indique que ce bois est la seule manière de tuer un homme dont le corps et l'esprit sont "fermés" à la mort. Cette idée qu'une personne ne peut pas mourir était une caractéristique liée à Besouro; un homme qu'aucune balle ne pouvait pénétrer.
Manuel Henrique, dit Besouro de Manganga, mourru jeune en 1924, à l'âge de 29 ans. Cependant il vécut à travers deux de ses étudiants : Rafaël Alves Franca, Mestre Cobrinha Verde et Siri de Mangue.
Dans un article récent du Correio da Bahia, on peut voir une petite reproduction du Certificat de Santa Casa de Misericórdia qui confirme l'entrée et le décès de Manoel Henrique, le 8 juillet 1924.
Aujourd'hui Besouro est un symbole de la capoeira dans tout l'Etat de Bahia. Il est connu pour son courage et sa loyauté. L'appui qu'il a apporté à ceux qui ont été persécutés et opprimés par la police ou les propriétaires de plantations n'a pas été oublié.
Bibliographie et sources[]
- Mestre Cobrinha Verde / José dos Santos "Besouro de Maganga"
- Liberac Antonio "Bimba, Pastinha, Besouro de Manganga, Três personagens da Capoeira Bahiana"